Le bengal

Son allure est sans équivoque. L’objectif de ses créateurs était d’obtenir un chat domestique au look étonnement proche de celui de son ancêtre majeur, le chat léopard. Un pari visiblement réussi !



20 ans avant la première inscription
Malgré sa jeunesse, le Bengal est aujourd’hui considéré comme une race féline à part entière mais les sujets utilisés en élevage et exposés, pour la TICA, doivent justifier d’au moins trois générations soit quatorze ascendants inscrits en tant que Bengal. Les Américains ont réussi à fixer en 20 ans cette nouvelle race féline. L’historique est parfaitement résumé dans notre fiche sur le Bengal : « En 1963, Jean Sugden, éleveuse en Californie, acheta un chat-léopard d'Asie, Felis prionailurus bengalensis, c'est-à-dire un chat sauvage, panthère miniature à la robe tachetée, à la fois grand nageur et pêcheur de poisson. Elle le croisa avec une chatte American Shorthair afin de créer une race de chats domestiques avec des traits caractéristiques des chats sauvages. Les chattes issues de cette hybridation étaient fertiles. Croisées avec leur père, elles donnèrent naissance à des chatons à robe tachetée. Le Bengal était créé. En 1973, le Dr Centerwall de l'université de Californie continua ces hybridations pour tester la résistance du chat-léopard asiatique au virus de la leucose féline. Il donna huit de ces hybrides à J. Sugden devenue Mme Mill, qui continua son programme d'élevage et de sélection. Le Siamois, le Mau égyptien, le Burmese furent utilisés par les éleveurs pour créer de nouvelles lignées. Le premier sujet de race, "Millwood Finally Found" est enregistré à la T. I. C. A. en 1983. La C. F. A. ne l'a pas reconnu alors que la FIFe vient de le faire. En France, il apparaît en 1991 ».



Les pionniers de l’élevage
Si Millwood Finally Found a inauguré le livre des origines du Bengal, d’autres chats de renom sortiront de la sélection de Jean Sugden : Millwood Rorschack (une génération F1 issue d’un Asian Leopard Cat et d’une femelle American Shorthair), Millwood Pennybank (issue de la femelle Rorschack couverte par un étalon Shortair) omniprésents dans les premiers pedigrees. D’autres affixes apparaîtront sur la scène américaine : Alotaspots, Gogges (basé sur l’étalon Milwood Rajin Cajun), Belltown, Almaden, Madaas, Heritage, Nairobi, Foothill (qui a fait naître une huitième génération de Bengal en 2002).
Rapidement, le Bengal a trouvé ses marques dans la félinophilie américaine. Des vedettes ont craqué sur ce félin original mais parfaitement domestiqué. Ainsi, le chanteur Ian Anderson (leader du groupe de rock Jethro Tull), est un des ambassadeurs de la race outre-Manche, après avoir fait l’acquisition de la femelle Tiffen chez un des pionniers de l’élevage anglais.
La TICA, qui a favorisé la sélection du Bengal, a révisé le standard de la race en 2000 avant de le publier en mai 2001. Elle insiste sur les objectifs de la sélection : « Le but d’un programme de sélection du Bengal a été de créer un chat domestique qui présente les caractéristiques distinctives du chat sauvage, mais avec le tempérament du chat domestique. En ayant cet objectif en tête, les juges doivent porter une attention très spéciale à ces caractéristiques qui distinguent le Bengal de toutes les autres races félines. Le Bengal doit très clairement montrer ces différences par rapport à tous les autres chats domestiques » (TICA Bengal Breed Standard).



Le Bengal au sein des Fédérations Félines
Les différentes organisations félines ont adopté des positions contrastées à propos du Bengal. Aux USA, par exemple, si la TICA qui demeure la fédération majeure et logique du Bengal (sa filiale en Europe est la TICA Southern Europe ), la CFA – qui se définit comme l’organisation féline n°1 dans le monde - reconnaît 37 races mais toujours pas le Bengal !
En France, le LOOF (Livre Officiel des Origines Françaises) reconnaît la race et l’a intégrée dans le groupe des « Poils Courts », le Bengal se retrouve ainsi au milieu de ses ancêtres (Abyssins, American Shorthair, etc.). La FIFe (Fédération internationale féline créée en 1949 par une Française, Mme Ravel) reconnaît également le Bengal. Libbie Kerr, du Bengal Cat Breed Committee Chair souligne que « Le Bengal est unique dans le monde de la félinophilie, car il s’agit du seul cas de croisement entre un chat non domestique, le Felis Bengalnsis, et un chat domestique, le Felis Catus, dont nous ayons les preuves ».
Outre-Manche, le GCCF (The Governing Council of the Cat Fancy) l’équivalent du LOOF au Royaume-Uni, qui reconnaît non seulement la race mais confirme largement l’explosion de la demande : en 1992, le GCCF avait délivré 61 pedigrees à des éleveurs de Bengal. En 2001, avec 1942 pedigrees délivrés, le Bengal s’est hissé dans le top 10 des races félines préférées des Britanniques.
Si en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, le Bengal connaît un succès croissant, en France, il demeure confidentiel. Le LOOF, en 2000, a délivré moins de 20 pedigrees pour la race. Mais avec le temps, il a de fortes chances de continuer sa croisade à travers le monde. Aux USA, l’éleveuse américaine, Mrs Gene Johnson-Ory a créé l’association, The International Bengal Cat Society, qui réunit plus de 300 éleveurs spécialistes à travers le monde. Elle a édité The Bengal Foundation Lookbook (qui coûte la bagatelle de 30 dollars) mais qui résume avec témoignages et photos, l’histoire de la création du Bengal.
La sélection du Bengal s’est donc réalisée en un temps record. En effet, par croisements et sélection à chaque génération, les Américains ont réussi, à partir d’un chat sauvage (Asian Leopard) qui fuyait tout contact humain et toute confrontation, à fixer chez le Bengal, des qualités recherchées par les amateurs, sa curiosité, sa vivacité, sa confiance et sa gentillesse.



Maîtriser son succès
Si le Bengal est un chat exclusif, en apparence, n’est-ce pas sa diversité d’aujourd’hui qui explique son succès ? L’ACFA (American Cat Fanciers Association) rappelle à juste titre que « Le Bengal est une race en développement devenue incroyablement populaire. Mais le résultat n’est pas toujours concluant ». L’auteur de ces lignes, l’éleveuse américaine Libbie Kerr (Akerrs Bengal Cats depuis 1989) rappelle des principes très clairs : « En matière de sélection féline, les trois éléments majeurs sont le comportement, la santé et l’apparence générale. Que recherche-t-on chez le Bengal ? De la vigueur, un chat amical avec l’homme, une apparence qui l’éloigne du chat domestique, des oreilles de forme arrondie, etc. et tout cela a pris 20 ans pour en arriver au résultat actuel. Le Bengal a évolué et offre aujourd’hui une diversité génétique confirmée par l’observation de nombreux sujets ».
Avec son corps musclé, son expression toujours curieuse, son comportement toujours actif, prêt à grimper et à descendre, à vous suivre d’une pièce à l’autre, le Bengal exerce un attrait certain sur ses maîtres qui n’hésitent pas parfois à faire l’acquisition d’un second puis d’un troisième sujet de cette race.
Seal mink tabby, brown tabby, seal lynx point tabby, seal mink tabby, seal sepia tabby, spotted ou marble, les coloris ne manquent pas. Pour mesurer le succès de ce chat, parlons chiffres. Après avoir refusé les premiers « Bengal » qui lui furent présentés dans les années 70, la TICA a attendu 1983 pour leur ouvrir son livre des origines. En 1997, la TICA y comptait déjà près de 16 000 Bengal et plus de 300 champions homologués. De quoi ne plus s’inquiéter sur l’avenir du Bengal dans notre espace félin après plus de 12 générations de sélection !